The Lonely State

“Philippe Vitry cherche à représenter l’essence même du pays. Dialoguant avec des paysages désertiques et des diners vides, les carrosseries font le portrait d’une Amérique aussi mystérieuse que fanée.”


- FISHEYE MAGAZINE

L’Ouest, une terre inhospitalière au milieu des cactus et tumbleweed.

A l’évidence cette terre n’est habitée que de pierres et de cailloux, elle nous apparaît tristement vide et stérile.
Un sol de désolation qui s’oppose aux gratte-ciels de la ville. Pourtant, c’est ici que l’immensité se déploie. Le champ de vision s’agrandit, plus rien ne stoppe le regard. Nos yeux habituellement rivés sur un écran peuvent enfin divaguer.

A l’horizon justement, on aperçoit l’orage et la nature elle-même devient un spectacle à admirer.

« Quel enchantement de laisser le regard errer sur une étendue illimitée, dans une solitude infinie, sous un ciel ténébreux. »

Heinrich Von Kleist

Cette errance du regard nous invite progressivement à celle de l’esprit : plongés dans ces paysages désertiques, l’esprit vagabonde… Aux paysages accidentés se succèdent des villes fantômes aussi mystérieuses que fanées. 

Cette dilatation du temps fait naître en nous un sentiment de nostalgie inévitable.
Revivre certaines émotions, ou se plaire à changer un détail du passé pour imaginer un nouveau scénario, comme une entracte mentale de liberté.

« Etait ce donc ça le voyage ?
Une exploration des déserts de ma mémoire
plutôt que de ceux qui m’entouraient ? »

Lévi-Strauss

Au bout de cette route, on distingue le piège du retour impossible ou le vertige des infinies possibilités perdues 

A mesure que le champ de vision s’agrandit, la densité humaine s’amoindrie.
Au crépuscule, on distingue la silhouette voutée du cowboy qui se rend à l’église. Est-il en quête d’un quelconque lien, fusse t-il divin ?

Faire le choix de cette immensité, c’est accepter la rareté du contact humain. Une solitude sociale loin du tumulte de la ville.

Seuls sur la route, ils s’éloignent et se guérissent des excès de société.

La solitude, lorsqu’elle est subie, n’a jamais guéri quiconque, au contraire, en son sein la maladie de l’esprit s’y développe.

“J’en ai assez de Land’s End, de dead Horse Point et autres nobles résolutions … Si je considère les choses sérieusement, ce que je fais, je dois dire que le désert m’a rendu fou.” 

 Edward Abbey

Prendre congé de la ville, pour mieux l’apercevoir, en discerner la hauteur et les contours.

Remède ou antidote, la solitude nous guérit de l’horreur de la foule, et la foule de l’ennui mortel de la solitude.

Une connaissance plus adéquate de soi, ni dans le passé, ni dans la fuite. Se délivrer des affects. Revenir au monde avec la conscience de ce que l’on souhaite ne plus faire.